ANDRÉLIS-RYE
 
     
   

 

TEXTES

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GÉRARD BODINIER
 

Le parti plis des choses

 
     

Le divan est un lieu intime d'assoupissement ou de causerie. Prendre le divan pour sujet est-il le propre d'une peinture confortable ou voluptueuse? Ce serait trop simple. Sur ce divan c'est la peinture qu'on analyse. Il représente une vue d'un coin d'atelier, une vue d'intérieur, de l'interieur de la peinture. S'il s'apparente a la nature morte, le divan n'est pas un objet neutre et fait partie de l'histoire de l'art: on pense aux fauteuils de Cézanne, à Matisse. Ce qui intéresse Andrélis-Rye c'est l'étoffe comme métaphore de la matière de la peinture, les coussins, leurs plis maternels et originels, les plissements d'une géologie au-delà de la surface.
Depuis 1992 la peinture d'Andrélis-Rye se développe en trois séries: les divans, les chapelles, les portraits. Soit trois genres traditionnels qui permettent d'explorer la peinture jusqu'a épuisement des thèmes, les acquisitions dans une série pouvant nourrir le travail dans l'autre. Les trois séries convergent vers les plis et lignes obsessionnels du coussin. Ce parti plis des choses se retrouve dans le buste des portraits traité comme un coussin, voire dans le socle rocheux où les chapelles se fondent.
À Saint-Rémy, Andrélis-Rye présente des portraits et des divans. Les divans les plus récents sont plus graphiques. En même temps on se rapproche du sujet, davantage cadré. On tend vers un gros plan sur les coussins, sur leurs traits, comme si tout le décor de la pièce réapparaissait synthétisé de l'intérieur du coussin: ainsi se déchiffrerait le visage de la peinture.
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Les chapelles représentent une autre expérience, de travail sur le motif ("re-devenir élève du monde" comme disait Cézanne) en Grèce, avec la même évolution vers l'abstrait, du moins vers la dissolution de la chapelle dans le chaos rocheux dans lequel sa forme s'enracine.
Le support est du papier journal (des journaux grecs essentiellement) parce que c'est ce que le peintre avait sous la main à une certaine époque. II s'y tient depuis à cause de la facilité de maniement qu'il apporte, mais aussi pour sa texture et la broderie des signes sous-jacente.
Ce qui intéresse Andrélis-Rye c'est de saisir le temps qui inscrit ses rides et son empreinte dans les coussins, de capter le mouvement du temps et de la lumière, les différences de lumière entre Eygalières et Patmos où il a son atelier, puisque le monde, comme chez Héraclite, est en perpétuel mouvement. Le temps est d'ailleurs utilisé comme une contrainte ou un cadre.
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Gérard Bodinier, 1996
article publié dans Le Méridional du 14 mai 1996
à l'occasion d'une exposition d'Andrélis-Rye à la galerie Lézard'ailleurs à Saint-Rémy de Provence
 

   

   

   

   

   

   

   

   

   

   

   

   


 

 

 

 

 

 

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